Il était une fois... Vous!
Avant tout, je me dois de prévenir que certains passages dans cette histoire peut heurter la sensibilité de certaines personnes. Ce n’est pas une blague pour faire genre en début de fiche, je suis sérieux.
Je tiens à préciser également que toute ressemblance avec un conte un peu plus connu que celui du genévrier *tousse*Blanche-Neige*tousse* est purement... Bah pas des masses fortuite vu que les deux contes sont issus du même livre mais voilà...
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Nous devons commencer cette histoire...par un arbre. Un magnifique genévrier aux pouvoirs sensationnels. Au départ, ce n’était qu’une petite graine. Puis au fil des siècles, cette graine a grandit pour laisser place à un arbre merveilleux aux propriétés magiques. Un arbre capable de donner la vie. A condition qu’une autre ne soit perdu en retour. Autour de cet arbre s’étendait la campagne à perte de vue. Puis un jour, un couple arriva devant cet arbre somptueux. Le trouvant magnifique, ils décidèrent de construire leur maison juste à côté pour pouvoir l’admirer tous les jours. Ils s’y installèrent et y restèrent, comme leurs enfants après eux, et les enfants de leurs enfants. Plusieurs générations habitèrent cette maison pendant plusieurs siècles.
Tout cela est bien joli, mais si vous avez l’œil observateur, vous remarquerez que mon avatar ne représente pas un arbre. Alors où est-ce que je veux en venir avec mon genévrier ? J’y arrive. Plongeons nous à présent dans l’histoire de notre personnage.
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C’était l’hiver. La neige avait recouvert la verdure environnante par son son épais manteau blanc. Et dans ce décor une jeune femme était là, assise aux pieds du genévrier à côté de sa maison, l’air attristée. Elle observait sa maison, à plusieurs mètres de là, en pensant à son mari qui devait s’y trouver. Elle se sentait tellement désolé pour lui. Désolé pour eux. Cela faisait plusieurs années que le couple désirait un enfant, mais après tout ce temps, rien. Elle n’arrivait pas à tomber enceinte, et elle était persuadé que c’était sa faute. Elle se sentait pourtant tellement prête à être mère, alors pourquoi ?
Dans ces instants de tristesse, elle aimait la présence de cet arbre réconfortant. Elle ne saurait dire pourquoi, mais sa présence avait quelque chose de rassurant, comme s’il pouvait lui donner ce qu’elle ne pouvait avoir. Elle approcha sa main d’une de ses branches, mais se piqua le doigt sur une de ses aiguilles. Une perle de sang en découla et atterit sur le duvet neigeux du sol. Elle contempla cette goutte de sang, trouvant le contraste avec la neige magnifique.
« Si seulement j’avais un enfant à la peau blanche comme la neige et aux lèvres rouges comme le sang. »
Au moment où elle prononça ces mots, elle se sentit tout à coup plus sereine, comme si elle avait la conviction que ce voeux serait réalisé, un jour.
Les mois s’écoulèrent et la femme prit conscience que la vie venait d’apparaître dans son ventre. Quelque part, elle était persuadée que c’était ce genévrier qui avait exaucé son souhait. Le couple était heureux de cet évènement. Ils s’imaginaient déjà former leur petite famille. Ils attendaient tellement la naissance de cet enfant. Mais plus les mois passaient, plus la femme dépérissait. Elle se sentait de plus en plus mal. Des fièvres qui n’avaient rien à voir avec la grossesse. Des vertiges. Si bien qu’au bout du huitième mois, elle restait clouée dans son lit sans pouvoir en sortir.
Puis, au bout de neuf mois, l’enfant arriva. A peine fût-il sortit du ventre de sa mère, que son père le prit dans les bras, fou de joie.
-Chérie ! Il est merveilleux ! C’est un garçon !
Mais elle ne répondit pas. Elle avait rendu son dernier souffle à l’instant où l’enfant avait poussé son premier cri.
Une vie pour une vie.
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Le mari commença donc à élever son fils seul, pleurant sa femme. Mais il fit tout pour être un bon père, s’assurant que son enfant ne manquait de rien. L’enfant dont nous parlons est bien évidemment le fameux Jack dont nous sommes en train de relater l’histoire.
Puis le temps fit son oeuvre, et le chagrin laissé par l’absence d’une femme et d’une mère disparu peu à peu. Puis il finit par se remarier. Et là, vous sentez venir le coup de la belle-mère méchante et complètement cliché. Et bien... Il faut bien que les clichés démarrent de quelque part et c’est vrai que celle-là n’a pas aidée à l’amélioration de la réputation des belle-mamans. Effectivement, cette femme n’aimait pas ce rejeton. Sans doute pour la simple et bonne raison que ce n’était pas le sien.
Mais cette vie familiale et parfaitement équilibrée suivit son cours. Il y eu même un enfant qui naquit de cette nouvelle union. Une jolie petite fille appelée Marlène.
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Pour aller plus loin dans notre histoire, il faut s’intéresser un peu plus à la femme qui s’est ainsi incrusté dans la famille. Cette femme d’une trentaine d’années était en réalité une sorcière qui avait déjà commis plus d’un méfait. Bien évidemment, elle s’est gardée de parler de tout ça à son nouveau mari. En réalité, semer la terreur dans les petits patelins a finit par la lasser. Et lorsqu’elle a rencontré cet homme qui est aujourd’hui son époux, elle tomba amoureuse et décida de laisser la magie derrière elle pour vivre avec cet homme. Son homme. A elle et à personne d’autre. C’est pourquoi lorsqu’elle découvrit qu’il avait un fils, elle prit ce dernier en grippe. Il représentait l’amour que SON mari avait éprouvé autrefois pour une autre femme. Non, elle ne voulait pas partager l’amour de sa vie avec qui que ce soit, et certainement pas avec ce rejeton. C’est pourquoi elle ne l’aimait pas. Et c’est avec difficulté qu’elle supportait de vivre sous le même toit que ce gosse. Mais bon, pour son mari, il fallait bien faire des sacrifices.
Des sacrifices, oui, mais pour combien de temps ? Elle aimait son mari. Elle aimait sa fille. Mais au fil des années, la vie de famille lui semblait extrêmement monotone. Et parfois, la pratique de la magie lui manquait.
Elle lui manquait d’autant plus qu’à proximité de cette maison où ils habitaient, elle ressentait une forte puissance magique. Chaques jours, elle se sentait un peu plus attirée par cette puissance, en imaginant ce qu’elle pourrait en faire. Un soir, n’y tenant plus, elle sortit de la maison lorsque tout le monde dormait –du moins, le croyait-elle- pour découvrir l’origine de cette magie. Elle fût surprise de constater qu’elle émanait de l’arbre à quelques mètres de leur demeure. Un simple genévrier. Qui n’était peut-être pas si simple, finalement. Elle commença à s’en approcher lorsqu’une voix la surprit
-Qu’est-ce que tu fais là ?
Jack sortit de derrière l’arbre, la regardant avec méfiance. Qu’est-ce que ce gosse venait faire là !? Il avait le chic pour toujours être là où elle ne voulait pas qu’il soit.
-Tu n’as rien à faire là, répondit-elle. Tu devrais dormir à cette heure-là.
-Je suis pas fatigué. Et je voulais voir ma mère.
La femme regarda le rejeton, puis le sol. C’est vrai que sa mère était enterrée là. Elle eu soudainement l’envie de tout brûler. Mais elle n’en fit rien. Elle regarda de nouveau l’arbre. Puis le gosse. Mieux valait ne pas aller plus loin ce soir. Si elle devait absorber la puissance magique de cet arbre, elle préfèrerait que personne ne se doute de rien, pas même ce gamin de même pas 10 ans.
-Il se fait tard, rentrons.
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Cet échec ne fût que le premier d’une longue série. Souvent, elle voulu retourner au genévrier, mais à chaque fois, ce fichu gamin y était aussi. Pourquoi passait-il sa vie aux pieds de cet arbre ?! Se méfiait-il ? Se doutait-il de quelque chose ? Non, ce n’était pas possible. Ce n’était qu’un gamin stupide. Et ce n’était pas ce gamin stupide qui allait lui bloquer la route. Un soir, elle s’assura qu’il dormait bien avant de se rendre au genévrier. Cette fois, ce serait la bonne. Elle était sûre que personne ne viendrait. Elle s’approcha. Déposa ses mains sur le tronc. Elle sentit toute la magie de ce végétal à son simple contact. Quelle puissance. C’était incroyable. Et cette puissance devait lui appartenir. Cette puissance allait lui appartenir. Elle n’avait qu’à absorber cette magie et...
-Qu’est-ce que tu fais là ?
La sorcière fit un bond en entendant cette voix et recula de plusieurs pas en arrière. Elle découvrit encore ce gamin. Encore et toujours. Mais il dormait... elle en était sûre ! Elle avait vérifiée...
-C’est facile de faire semblant de dormir...
Comment ? Il lisait dans ses pensés ? Elle lisait sur son visage qu’il était méfiant. Tellement de questions se bousculaient dans sa tête tandis qu’elle observait ce môme. L’avait-il vu ? Avait-il une idée de ce qu’elle était en train de faire ? Aurait-il envie de tout dire à son père ?
Allait-il continuer à se mettre en travers de son chemin encore longtemps ?Non.
-J’avais envie de prendre l’air. Mais dis-moi, tu n’as pas beaucoup mangé au dîné. Tu dois avoir faim. Veux-tu une pomme ?
Les deux revinrent ensembles dans la maison. Elle tenta de lui parler pour détendre l’atmosphère, mais il ne répondit rien. Elle l’amena jusqu’au salon dans lequel se trouvait un bahut. Elle ouvrit le couvercle et s’adressa à son beau-fils.
-Il y a pleins de pommes juteuses dedans. Prend-en une.
Il resta un premier instant sans bouger, à la fixer. Comme s’il se demandait si c’était une bonne idée. Elle se contenta de faire un sourire chalereux. Finalement, il se décida à approcher et à se pencher pour prendre un fruit. Et c’est là qu’elle referma brutalement le couvercle avec toute la force qu’elle pu, ce qui trancha net la tête de l’enfant, qui tomba et roula laissant son sang se répandre sur les fruits de la même couleur.
La femme regarda le corps inanimé sans savoir que faire.
-Qu’ai-je fait ?
Elle venait de tuer le fils de son mari. Comment allait-il le prendre s’il découvrait la vérité ? Il ne fallait pas qu’il l’apprenne. Surtout pas. Mais qu’allait-elle faire ? Elle sentait qu’elle commençait à paniquer. Ne trouvant de meilleure idée, elle ramassa le corps et le mit sur une chaise. Puis elle déposa la tête du cadavre à l’endroit où elle était sensé être s’il n’avait pas été décapité. Elle la fixa du mieux qu’elle pu avec un ruban blanc, qui se teinta bien vite d’une couleur rouge. Une supercherie simple qui ne saurait durer, elle le savait. Mais elle se savait trop en panique pour trouver une meilleure solution pour l’instant. Quand son père se réveillera, il ira au travail directement, il ne fera pas attention. S’il le voit, il pensera qu’il dort. Ce gamin avait tellement l’habitude de dormir n’importe où. Elle retourna donc dormir en espérant avoir les idées plus claires ensuite.
Le lendemain matin, le père se leva, et effectivement, il ne fit pas attention. Il crut apercevoir son fils en train de dormir sur une chaise. Il partit travailler sans faire plus attention que cela.
La mère, quant à elle, n’avait pas dormit de la nuit, comme on peut s’en douter. Lorsqu’elle se leva, elle fit les 100 pas dans la maison, puis elle décida d’aller faire la cuisine pour se calmer. Comment allait-elle faire disparaître le corps ? Comment allait-elle justifier sa disparition ? Comment...
-Maman ?
La mère se tourna et vit que sa fille, la perle de sa vie, était à côté d’elle.
-Qu’y a-t-il ma chérie ?
-Grand frère ne bouge pas, et quand je lui demande s’il veut bien me donner sa pomme, il dit rien.
Un frisson lui parcouru tout le corps. Qu’allait-elle...
-Eh bien, redemande-lui sa pomme. S’il ne dit rien, donne-lui une bone grosse claque, ça le fera peut-être parler.
Elle observa sa fille sortir de la cuisine pour aller au salon. Une idée commençait à germer dans son esprit. Quoi qu’il arrive, elle n’endosserait pas le meurtre de son beau fils. Quelques secondes plus tard, la petite fille revint en courant et en pleurs vers sa mère.
-Maman ! J’ai tué mon frère !
Elle pleurait et pleurait. La femme se demandait comment elle pouvait verser autant de larmes, surtout pour cet être répugnant. Elle prit sa fille dans ses bras pour la consoler.
-Allons, calme-toi. Racontes-moi ce qui s’est passé.
-il a pas voulu...me donner la pomme alors...je lui ai donné une claque... et puis sa tête... sa tête... Elle est tombée...
La petite avait du mal à parler entre tous ses pleurs. Elle était convaincue d’avoir tué son frère.
-Ma petite, qu’as-tu fais ? Mais ne t’inquiète pas, on va arranger ça. Mais tu dois me promettre de ne rien dire à personne comprit ?
La petite fille ne pu qu’hocher la tête en toute réponse. Sa mère alla dans le salon chercher le cadavre de son fils pour le ramener dans la cuisine. Là, elle découpa son corps en morceaux, qu’elle transforma en ragout avec quelques assaisonnements. Elle servit ce repas le soir, lorsque le père revint de son travail. Ce dernier se mit à table et chercha quelque chose du regard.
-Mon fils est encore en retard pour le dîner.
-Non, il ne viendra pas, il est partit rendre visite à sa tante.
-Sa tante ? Il aurait pu me prévenir. Au moins dire au revoir. Les gosses, j’vous jure. Et toi Marlène ? Pourquoi tu pleures ? Ton frères te manque ?
-Oui, il ne lui a pas dit aurevoir non plus.
-Irrécupérable ce gamin...Enfin, ça sent rudement bon, ce que tu nous a fais, ma chérie.
-C’est une recette secrète, tu m’en diras des nouvelles.
Et elle servit le repas. Marlène ne mangea rien, malgré ce que lui disait son père, tellement elle pleurait, et sachant surtout que c’était son frère qui était dans son assiette. Le père, lui, n’en sachant rien, mangea son plat d’une traite, le trouvant plus succulent que tout ce qu’il avait pu manger auparavant. Il en redemanda même et finit le plat entier. A la fin du repas, la petite Marlène récupéra tous les petits os de son frère en cachette qu’elle noua dans un foulard et sortit discrètement de la maison, toujours en larme. Elle les déposa devant le genévrier, l’arbre qu’elle savait que son frère appréciait beaucoup. A peine eut-elle le temps de se relever que les petits ossements se mirent à scintiller avant de disparaître. Elle ne savait pas ce qui venait de se passer, mais elle sentait que les choses allaient s’arranger. Elle ne saurait dire pourquoi. Elle le sentait, c’est tout.
C’était fini. Enfin débarrassé du corps. La femme se sentait tellement soulagée. Elle se doutait bien que l’excuse de la tante ne saurait durer. Mais elle n’aurait qu’à dire qu’il a eu un accident sur la route et voilà. Finit. On en parler plus. Plus jamais ce gosse ne lui poserait le moindre souci. Maintenant, elle allait pouvoir s’occuper de cet arbre. Le soir venu, lorsque tout le monde fût couché, elle retourna auprès du genévrier. Cette fois, elle était seule. Et elle était sûre qu’elle le resterait. Elle s’approcha du végétal d’un pas assuré, un sourire terrible sur les lèvres. Elle tendit les mains pour les poser sur le tronc. Elle touchait au but.
Ma mère m’a tué Elle sursauta. Qu’est-ce que c’était que ça ? D’où venait cette voix ? Elle était sûre d’avoir entendu. Pourtant, elle avait beau regarder, il n’y avait personne. Etait-ce son imagination ? La culpabilité lui faisait-elle entendre des voix ? Encore aurait-il fallu qu’elle culpabilise. Non, elle avait dû rêver. Elle retendit les mains en direction du tronc.
Mon père m’a mangéEt elle les réécarta aussitôt. Non, elle ne rêvait pas. Qu’est-ce que...
Ma soeurette Marlène...Pourquoi ? D’où est-ce que ça venait
A prit bien de la peine
Pour recueillir mes os jetés...Elle ne voulait plus en entendre un mot, elle se boucha les oreilles et repartit en direction de la maison, terrifiée. Elle se coucha, mais ne pu fermer l’oeil, entendant ces quelques phrases en boucle dans sa tête qui la faisait trembler des pieds à la tête.
Le lendemain, il lui semblait avoir passé la nuit la plus horrible de sa vie. Etait-ce vraiment arrivé ? Avait-elle vraiment entendu la voix de son fils la veille ? Ou n’était-ce qu’un cauchemar ? C’était sans doute ça. C’était la seule explication. U mauvais rêve, rien de plus. Rien de tout cela n’était arrivé. Comment cela aurait-il pu ? Elle retourna au genévrier, mais en plein jour cette fois. Elle observa les environs, mais rien de suspect. Rien d’anormal. Un oiseau posé sur le sol mais c’est tout. Pas de voix, personne, rien. Juste cet arbre. Elle s’en rapprocha encore. Toujours rien. Doucement, elle tendit le bras pour toucher le tronc. Elle s’arrêta juste avant le contact, de peur que cela ne recommence. Mais rien. Alors elle s’autorisa à poser la main sur l’arbre, puis, doucement, la seconde. Silence. Elle poussa un soupire de soulagement. Ce n’était qu’un rêve finalement. Comme elle s’en était doutée.
Ma mère m’a tuéNon. Ce n’était pas possible. Elle ne pouvait pas être en train d’entendre...
Mon père m’a mangéElle poussa un hurlement et tenta de reculer. Mais elle trébucha et tomba au sol
Ma soeurette Marlène
A prit bien de la peine
Pour recueillir mes os jetés...Elle finit par se relever et commença à s’éloigner en courant, mais la voix continuait.
Dessous la table et les nouer
Dans son foulard de soie...Que ça s’arrête ! Que cette voix s’arrête !
Qu’elle a porté sous le genévrier.Elle devait s’être éloignée suffisamment. En tout cas, elle ne l’entendait plus. Les larmes perlaient sur ses joues tellement la terreur s’était emparée d’elle. Elle tremblait et n’osait plus bouger. Dans sa tête, cette comptine macabre tournait en boucle. La voix s’était tut, mais ça tournait. Encore et encore. Elle se jura de ne plus jamais revenir auprès de cet arbre. Plus jamais.
Et pourtant.
Il lui semblait qu’elle n’avait qu’à plus jamais s’approcher de cet arbre. Mais le soir venu, alors qu’elle allait se coucher, elle entendit cette voix à nouveau. Toujours la même chose. Toujours « ma mère m’a tué, mon père m’a mangé, ma soeurette Marlène a prit bien de la peine pour recueillir mes os jetés dessous la table et les nouer dans son foulard de soie qu’elle a porté sous le genévrier ». Pourquoi entendait-elle toujours cela ? Elle se boucha les oreilles, se réfugia sous sa couverture, mais cela continuait. Et recommençait. Sans s’arrêter. Pendant plusieurs minutes qui lui parurent une éternité. Elle s’arrêta lorsque son mari entra dans la même pièce.
-Qu’y a-t-il ? Tu as un teint à faire peur !
-Je...ce n’est rien... Je veux partir de cette maison. Elle est maléfique. Je le sens.
-Cela fait des générations que ma famille vit ici, il n’y a rien de maléfique je te l’assure. Tu es fatiguée, repose-toi.
Encore une nuit où elle ne put fermer l’oeil, malgré la fatigue qui commençait à la gagner. Le lendemain, elle se sentait mal. Elle tremblait sans avoir froid. Elle sursautait à chaque bruit. Elle évitait tout et tout le monde. Même sa fille, elle en avait peur. Etait-ce elle la responsable de tout ça ? Elle n’en savait rien, et le savoir la terrifiait encore plus. Elle ne pouvait se confier à personne. Elle se méfiait de tout et de tout le monde. Elle cherchait la solitude. Mais lorsqu’elle se retrouvait seule trop longtemps,
ça revenait. Encore et toujours. Elle devenait folle. Plus elle l’entendait, plus elle avait peur, et plus elle avait peur, plus elle l’entendait. Cela tournait en boucle et en boucle dans sa tête. Etait-ce la fatigue qui la faisait délirer ? Elle n’en savait rien. Mais il fallait que ça s’arrête ! Elle ne pourrait le supporter. Mais comment faire ? Comment l’arrêter ? Il fallait qu’elle trouve. Comment ?
Son regard se posa sur le genévrier au travers de la fenêtre. C’était ça. C’était de là que tout était partit. C’était cet arbre. Elle en était convaincue. C’était cet arbre le responsable. Il était magique. Elle le savait. L’avait-il maudit ? Elle devait en finir. Quoi qu’il en coute. Elle ne pourrait le supporter plus longtemps.
Elle sortit et se dirigea vers le genévrier. Elle savait que la chanson allait revenir. Mais il ne fallait pas qu’elle se laisse repousser. Elle avait la ferme intention de le détruire. Elle devait avoir la force. Il le fallait. Tandis qu’elle se rapprochait, la chanson recommençait
Ma mère m’a tuéIl fallait qu’elle l’ignore.
Mon père m’a mangéNe pas écouter. Ne pas écouter.
Ma soeurette Marlène
A prit bien de la peine
Pour recueillir mes os jetés...Elle s’arrêta juste devant l’arbre, sentant la terreur reprendre le dessus. Mais non. Elle devait continuer
Dessous la table et les nouer
Dans son foulard de soie
Qu’elle a porté sous le genévrier.Elle posa ses mains sur l’arbre. Elle allait absorber toute sa puissance vitale. Le tuer. Définitivement. En finir.
Ma mère m’a tuéElle devait rester concentrée, ne pas faire attention. Sinon, elle n’y arriverai pas.
Maintenant, à moi de tuer ma mère.A cet instant, le fantôme de son fils sortit de l’arbre brusquement. Son coeur manqua un battement et elle recula de terreur. Elle trébucha sur une racine et tomba. Sa tête alla se heurter violemment à une pierre, laissant apparaître une flaque de sang.
Une vie pour une vie. La tienne m’appartient Ce fût les dernières choses qu’elle entendit avant de mourir.
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Une fois qu’elle eu rendu l’âme, un nuage de poussière dorée se répandit autour de l’arbre. Lorsqu’il se dissipa, l’enfant était là, debout, en un seul morceau, exactement comme avant de mourir. A un détail près. Il portait autour du cou une longue écharpe rouge cachant une cicatrice faisant le tour de son cou. Cette écharpe, il ne l’enlèvera jamais plus.
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La petite famille était réunit devant la pierre tombale de la mère décédée. Quel malheur. Pourquoi avait-elle trébuchée ? Pourquoi cette pierre s’était-elle trouvée là ? Le père était désespéré de voir sa deuxième femme partir ainsi. Marlène, elle, était à la fois attristée profondément par la mort de sa mère, à la fois heureuse de voir que son frère n’avait rien. Elle avait pourtant vu sa tête roulée. Mais quand il était revenu à la maison, il lui avait dit que c’était une blague. Que ce n’était pas lui, mais une grande poupée géante qui lui ressemblait. Elle lui avait fait promettre de ne plus faire de blague comme celle-là. En attendant, elle pleurait, encore, pour sa mère cette fois.
Marlène pleurait tellement que son père finit par l’emmener plus loin pour la consoler. Jack resta donc là, devant cette pierre tombale sous laquelle gisait le cadavre de sa mère. Il resta quelques secondes sans bouger, silencieux. Puis il sortit une pomme de sa poche et, sans quitter la pierre des yeux, il croqua dedans à pleine dent avant de tourner les talons et de rejoindre son père et sa soeur.
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Cela aurait pu être un happy end. Tout le monde est content et on envoie le générique de fin avec une musique épique. Mais non. Parce qu’ils ont beau vivre à perpette du village le plus proche, ils ne sont pas seuls sur cette terre. Quelques années qui suivirent cette histoire, à pas mal de kilomètres de là, une certaine sorcière décida allez savoir pourquoi de jeter une malédiction qui mettrait un terme aux happy ends. Y en a qui ont que ça à faire que d’enquiquiner le monde. Et bien sûr, cette petite famille qui avait déjà tellement souffert se la prit de plein fouet, les transportant dans un monde sans fin heureuse.
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La sonnerie retentit. Les élèves se levèrent pour se diriger le plus rapidement vers la sortie avant que le prof ne leur donne des devoirs supplémentaires. Encore une fois, Jack avait rêvassé pendant tout le cours. A regarder ce qu’il y avait écrit sur le tableau, ce devait être un cours de maths. Il n’y avait plus grand monde dans la salle lorsqu’il se décida à se lever pour rejoindre la sortie à son tour. Dehors, il faisait un grand soleil et il faisait agréablement bon. C’était bon signe pour le week end. La sortie du lycée était bruyante avec tous ces lycéens partout.
-Trop chiant ce cours. Sérieux, l’interro, elle va être infaisable.
-Il fait trop beau ! J’vais en profiter tout le week end !
-Comment il fait l’autre pour porter une écharpe avec un temps pareil ?
« L’autre », ça devait être lui. Qui d’autre pour porter une écharpe avec ce grand soleil ? Mais hors de question pour lui de l’enlever. Il avait l’habitude de toujours la garder sur lui. L’enlever ferait un peu bizarre. Surtout vu ce qu’il y avait en dessous. Une cicatrice qui faisait le tour de son cou. Il ne se souvenait pas d’où elle venait, comment il se l’était faite. Parce que sérieux, comment on se fait un truc pareil !? Il n’avait pas la réponse et pensait bien ne jamais l’avoir.
Il rentra chez lui, déposa son sac de cours dans un coin au pif avant de se poser sur le canapé à côté de sa soeur en train de dessiner. Elle avait 13 ans maintenant.
-Tu dessines quoi ?
-Bah le genévrier qui est dans le jardin, ça se voit pas ?
-Ah si si... et c’est quoi la tâche sur la branche ?
-C’est toi.
-...T’as des progrès à faire.
Et sur ce, il se leva pour aller dans le jardin. Ah, il l’aimait sa petite soeur, aussi nul soit-elle en dessin. Mais c’est l’intention qui compte, et elle l’avait dessiné donc c’était...sympa... il supposait. Il grimpa comme à son habitude sur une branche du genévrier qui était sans doute l’arbre le plus beau de tout le quartier, voir de toute la ville de Storybrooke. Il ne savait pas pourquoi, mais il s’y sentait bien. C’était comme s’il avait un lien avec cet arbre. Mais cette sensation était sans doute stupide. Il sortit une pomme de sa poche et entreprit de la manger.
Mais au moment où il croqua dedans, il se passa quelque chose d’étrange. Tout revint. Ses souvenirs revinrent. Ses souvenirs d’avant Storybrooke. D’où il venait réellement. De sa maison dans le coin paummé, de sa belle-mère. Et de sa cicatrice. Il porta sa main à son cou. C’était donc de là que ça venait ? Comment avait-il pu oublier tout ça ? C’était très perturbant. Mais pour l’heure, il se décida à finir de manger sa pomme, maintenant qu’il se souvenait de pourquoi il aimait tellement ce fruit.
Derrière ce Personnage il y a...